Edito Juillet 2014 En Provence

Chers Amis Compagnons des Toques Gourmandes,

En premier lieu je veux remercier tous ceux qui m’ont témoigné leur amitié lors de mon ennui de santé, je rassure je vais mieux et j’ai repris l’ensemble de mon activité, mes pensées vont également vers mon Bureau National qui a assuré le quotidien.

Je vais donc beaucoup mieux, d’où ma présence en ce beau Pays de Provence pour reconnaître des Compagnons de notre Compagnie, j’ai reçu en premier lieu un Vigneron qui fait honneur à son métier, en produisant un vin Bio de qualité et cultivera dès la rentrée avec des chevaux, une belle démarche alliant à cela une belle histoire familialle. Nous voulons croire que pour réaliser une cuisine qui fasse honneur à notre Gastronomie, il faut une chaîne d’alliance entre tous les acteurs qui permette l’Excellence, et puis quel bonheur de reconnaître des Talents……….

 Vendredi c’est au tour d’un Artisan d’être reçu, un Homme de grande valeur ayant réalisé son apprentissage chez un Meilleur Ouvrier de France, ayant fait halte selon nos règles chez 9 Maîtres de chantier plus qu’exigée, son chef d’œuvre lui a valu la Pomme d’Or 2009, il a formé au moins trois Apprenties qui ont voulu être présentes pour témoigner de la qualité du Formateur dont une avec son Papa.

Et enfin samedi, j’ai reçu deux Compagnons et un Membre d’Honneur, dans la Famille Cattaneo-Ledoux, j’ai particulièrement apprécié l’alliance du Métier et du Cœur, se consacrer à redonner confiance et amour à des Personnes Handicapées avec le concours des méthodes de l’équithérapie, et de la cuisine Provençale voilà qui fait Honneur au Chantier.

J’ai malheureusement réceptionné les remarques acides, vindicatives de certains Compagnons du Devoir, voulant préserver leur boutique et ce qui fait leur système. Ils nous ont reproché de leur prendre leur dénomination de l’INPI, nous leur avons précisé que nous aussi avions notre numéro INPI 11 3 820 868 en classe 35,41,43. Puis, un s’en est pris à notre Canne, dans certaine philosophie on appelle cette Canne la canne du Maître de Cérémonie, dans celle du Compagnonnage canne du Père Soubise, elle n’a rien à voir avec celle du Devoir , elle est nôtre et cela nous suffit, en rappelant qu’elle est remise lors de la reconnaissance au beau Grade de Maître qui reconnait que le Compagnon a formé selon notre Tradition au moins trois Apprentis de vieilles bouches à jeunes oreilles.

Je veux simplement rappeler, pour ne pas nous enfermer dans une polémique stérile que les Rites et les Légendes sont fondamentales à l’âme humaine. L’âme des Hommes de Métier est sensible aux symboles, plus qu’aux purs concepts intellectuels. L’image, le symbole, la démonstration concrète, objective, tangible pénètrent dans les esprits et dans les cœurs, l’esprit sans le cœur, l’Excellence sans une pincée de cœur ne sont-ils pas de simples concepts intellectuels ???

Les signes et les symboles que nous transmettons dans un lieu où les profanes ont été écartés ne sont que la matérialisation d’idées, inintelligibles pour le profane qui éclairent pour le Compagnon, ils permettent aussi de renforcer l’unité du groupe, de la famille. La légende véhicule tout  ou partie d’un mythe et son nom, issu du latin légenda, (ce qui doit être lu) dit son importance, c’est pourquoi notre Nom véhicule nos valeurs qui se transmettent de vieilles bouches à jeunes oreilles dans la suite des générations au service de la société et de son unité.

Pour revenir au Devoir, rappelons que l’histoire des Fraternités Ouvrières, du Compagnonnage et des Corporations sont intimement liées, issues d’une racine commune. Ils ont vécus leur propre vie souvent en opposition, tout en s’influençant mutuellement selon les périodes de l’histoire, selon l’intérêt et l’évolution sociale du groupe. Aucun système n’est parfaitement étanche, et si la Fraternité devenue le Compagnonnage semble avoir influencé la Corporation, cette organisation fut aussi polluée par la Corporation, on voit également l’influence mutuelle du Compagnonnage et de la Franc-Maçonnerie. Deux types d’organisations peuvent vivre séparément à la même période : familiares monastiques, fraternités laïcs de type compagnonnique, l’une pouvant selon les individus, se déverser dans l’autre. Enfin certains métiers considérés à la fin du Moyen-Age comme un Compagnonnage, peuvent être déconsidérés sinon exclus de la sphère Compagnonnique : les cordonniers, les Maçons, les Boulangers. En fait la préséance que prirent les tailleurs de pierre du Saint Devoir de Dieu et les Charpentiers du Saint Devoir sur les autres métiers est à l’origine des mouvements d’entrée et de sortie de ce que nous pouvons nommer les accrédités. Même si aujourd’hui le Devoir retrouve des métiers qu’il avait exclus de sa sphère. A noter aussi, au début du 19° siècle, l’apparition des Unionistes de l’Aspirant Serrurier d’Auxerre, Moreau ou encore des Renards (les Margajats ou Margageats) mouvement non compagnonnique (indépendant) mais qui était organisé comme les Compagnons du Devoir ou du Devoir de Liberté. Je ne veux pas développer sur la scission d’Orléans (1287), lors de la construction des tours de la cathédrale d’Orléans, le mythe se lit différemment selon la position des acteurs du conflit, pour les Compagnons du Devoir, il y avait scission donc rupture, trahison, révolte de la part des Gavots qui se réclamaient des règles de Salomon, tandis que pour ces derniers, les traites sont les Dévorants, qui avaient rompu avec les règles de leurs ancêtres en s’asservissant à l’Eglise et aux puissants. Il en est résulté des querelles tenaces, les descendants (supposés) des uns et des autres payant de siècle en siècle les prétendues fautes de leurs pères. Tradition belliqueuse qui semble être inscrit dans les gênes du Devoir et perdurée, qu’il nous considère comme Indépendant (Margageat/Renard aujourd’hui) nous va parfaitement. La Compagnie des Compagnons du Tour de France des Toques Gourmandes a ces propres Traditions, ses Rituels, sa légende (depuis son ancienne origine la carte de France et nos étapes y figurent) dont nous sommes fiers, nous savons aujourd’hui reconnaître l’Excellence du Métier sur le Chantier, mais aussi reconnaître l’Excellence d’Être, afin de transmettre nos valeurs et de contribuer à l’unité de notre société. Quant à ceux qui dédaignent les reconnaissances que m’a accordées la République, je leur précise qu’elles ont toutes été gagnées sur le Chantier et sont le résultat de tout un parcours de vie.

Alors comme en 1848, à Grenoble, Amis du Devoir, qu’ils soient Tailleurs de Pierre du Devoir (enfants de Maître Jacques) depuis -558, Charpentiers de Hautes futaies (enfants de soubise) du Devoir depuis 570, des Tanneurs du Devoir depuis 1330, Teinturiers du Devoir depuis 1330, Cordiers du Devoir   depuis 1407, Blanches-Chamoiseurs du Devoir depuis 1500, Boulangers du devoir depuis 1811, Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du tour de France depuis 1941,  faites nous par un discours de la Franchise, un acte de conciliation, qui ouvre un temps de compréhension en admettant qu’il peut exister d’autres organisations valorisant l’Excellence.

A tous salutations Fraternelles.

  Michel Théret

Président National

Chevalier de la Légion d’Honneur

Chevalier dans l’Ordre National du Mérite

Chevalier dans l’ordre du Mérite Agricole

Chevalier des Palmes Académiques

AFN Reconnaissance d la Nation

Grand Maître de la Confrérie de l’Endive de France

Grand Bailli de la Marmite d’Or 59,62

Rose d’Or des Rosaties

Etoile d’Or Européenne du Dévouement Civil et Militaire

          Académicien de la Cuisine Régionale

       Président d’Honneur des Logis de France

       Ambassadeur de la Gastronomie Française

           Disciple d’Auguste Escoffier

     Administrateur des centres de Formation

     Médaille de l’Assemblée Nationale 2010

       Toques Blanches Internationales

 Grande Médaille d’Or du Mérite Philanthropique

        Coupe d’Or de l’Art Culinaire

Je ne fais pas tout figurer il en reste trop, humblement serviteur de notre Cause